Neige du 30 octobre
C'est le Mercantour tout de blanc vétu, vu depuis Nice - St Augustin, ce jeudi matin, avant même qu'une photo ne soit publiée dans Nice Matin.

Au Baou d'Eïra on ira
Un an après l'équipement de "En voie de disparition", la fréquentation a l'air assez proche de zéro par ici. Tant mieux pour les amateurs de tranquillité que nous sommes. Tant pis pour tous ceux qui se plaignent régulièrement qu'il n'y a que des voies élitistes dans le 06.
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Ben déjà tout sourire dans la première longueur. Et encore, ce n'est que le début avec du rocher un peu fracturé.
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Mumu se régale dans le pilier de la 3ème longueur. Aérien à souhait avec plein de bacs de partout.![]() Ben à la sortie du pilier: "C'est bientôt le Verdon avec ce gaz?" |
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Et ça continue dans la traversée de la 4ème longueur qui traverse au dessus d'une petite grotte. Ben essaie de déchiffrer le pas un peu malcommode qui permet de se rétablir au relais en fin de longueur. |
Quel calme par ici aujourd'hui, même la cimenterie de la Grave de Peille, qui ronronne au loin en semaine, est arrêtée. Seuls quelques tichodromes et autres oiseaux des falaises viennent nous rendre visite, curieux de voir 3 bipèdes qui rampent petit à petit sur le rocher.
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La fameuse photos du bandeau d'accueil de REVALPIN. Finalement la cotation de cette 5ème longueur est bien 6c au maximum pour la continuité: 30m d'anthologie dans une dalle raide pleine de bonnes surprises. Le rocher est de plus en plus sculpté pour finir dans un vrai gruyère de calcaire. |
Et pour finir: la seule colonnette de la voie vous attends tout en haut dans un pas de 5+! Les doigts sont déjà bien sensibles à cause du rocher agressif du Baou d'Eïra, mais la râpe à fromage de cette longueur ne va pas améliorer les choses. |
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Pakistan version mixte
Un petit bonjour à tous les Pakistanais que l'on a croisés pendant ce voyage. Merci à tous pour votre gentillesse et votre accueil dans votre beau pays aux montagnes uniques.
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Voila le site du camp de base au bord de la rivière avant les chutes de neige: un havre de paix au bord du glacier de Charakusa, entouré de pics vertigineux. |
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Après avoir pu profiter un peu du chaud rocher en versant sud du glacier, la neige est arrivée et au vu de l'altimètre qui montait chaque jour un peu plus, nous avons compris que l'attente allait être longue. Pour les courses de rocher pur, la saison était vraiment finie, car par la suite, la neige n'a plus quittée sur les vires de la Nayser Brakk. Heureusement chaque éclaircie permettait un peu de fonte sur les moraines du versant sud pour nous laisser espérer qu'il n'y aurait pas 2m de neige fraîche partout le jour où le beau temps reviendrait.
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Et c'est comme ça qu'un beau matin l'herbe jaunie du camp de base à disparue sous une couche blanche plutôt froide et humide. Puis chaque jour voyait se rajouter quelques dizaines de centimètres. Un jour notre guide nous a dit que si le temps ne s'améliorait pas, nous allions être obligés de descendre tant bien que mal en laissant tout le matos ici et que des porteurs viendraient le chercher l'été prochain. |
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Une fois que les bouquins emportés ont été dévorés à l'abri sous la tente, il a bien fallu se bouger un peu malgré la dépression qui ne voulait pas nous lâcher. Nous montons donc la tente 600m au dessus du glacier dans l'espoir de pouvoir progresser un peu vers le haut. Mais le risque élevé d'avalanche ne nous laisse qu'une petite crête bien orientée au sud au dessus du camp pour profiter d'une journée d'accalmie dans un paysage hivernal. |
Voila la "meije" du Charakusa tout en granit:Le Farol extrême Est La face sud présente 1200m de big wall imprenable formé de piliers de protogine à peine fissurés |
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Voila notre tente au col Est du Farol. Derrière les sommets géants du Baltoro kangri surgissent au dessus de tout. |
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La vue du premier grand ressaut de l'arête Est depuis les environs de notre camp haut au col Est. Pas de rampe de neige facile: les friends et les broches vont encore prendre l'air! |
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Le sommet du Chogolisa en forme de tente canadienne. Surpris de le voir si près, nous sortons la carte. Pas de doute, la carte est bien complétement fausse. La chaîne des Farol est placée sur une autre ligne de crête qui n'a rien à voir avec là où nous sommes. |
Le lendemain nous partons pour la tentative sur l'arête. Nous choisissons de contourner un premier bastion par la gauche en passant par des dièdres moins raides. L'escalade mixte est tout de suite éprouvante et nous finissons par hisser le sac.
En dessous de nous la vue sur le glacier de Kaberi est fantastique. C'est une vallée avec des centaines de sommets inconnus à cause de l'accès qui passe par le Cachemire. Peut être une vallée bientôt accessible avec le tassement du conflit Indo- pakistanais? |
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Au dessus, les rampes de neiges visées sont plus faciles et nous permettent de rejoindre le fil de l'arête. Le rocher est compact et raide autour de nous et sans cesse des petits ressauts débonnaires de loin compliquent l'ascension une fois dedans. |
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De rampe de mixte en courte portions de glace, le cheminement vers le sommet parrait jouable, mais nous sommes décidément trop lent et nous décidons de descendre avant
d'avoir atteint la première antécime. |
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La descente en rappel qui nous vaudra un coincement de corde maudit dans les fissures franches de granit. |
Le lendemain la descente jusqu'au camp de base sera éprouvante. Heureusement Ishaq est venu à notre rencontre sur le glacier pour nous aider à porter les sacs. Une fois au camp de base, les porteurs sont déjà arrivés pour descendre le lendemain vers Hushe. Visiblement tout le monde est pressé de descendre de ces montagnes où l'hiver s'installe petit à petit. En plus c'est la fin du Ramadan dans 2 jours et ils ne veulent pas louper la fête qui va avec. Nous aussi d'ailleurs, même si nous ne nous sommes pas privés des bons petits plats du cook pendant un mois.
Dernière matinée au réveil difficile, perchée sur notre arête au col Est du Farol. On voit ce qu'il reste de la corniche que nous avons effondré en creusant un emplacement pour la tente! |
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Voila une photo de la famille de notre guide Raza avec qui nous avons passé les fêtes du Ramadan à Skardu. A droite c'est moi, avec Raza et ses deux fils (Rhibert et Tensir) au Sapara Lake qui est le réservoir d'eau naturel de la ville de Skardu. A gauche c'est Ishaq et Altaf : le cuisto et le porteur les plus inséparables du camp de base. Sans eux, pas de bon chapati tous les matins! Merci encore pour tous les bons petits plats (TROP!!) épicés qui nous ont fait patienter sous la neige.
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Pakistan version grimpe
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Nous avons visité la vallée de Charakusa (à prononcer "Saraksa") dans une ambiance hivernale. Comme de nombreuses zones du Karakorum, ce coin est un
paradis de l'alpinisme avec le rocher de Chamonix sur des aiguilles à la dimension himalayenne. Pas mal de récits d'expé dans cette vallée parlent d'un mois septembre au temps stable et sec.
Pourtant nous avons essuyé une dizaine de jours de mauvais temps pendant ce mois de septembre 2008 moins estival qu'habituellement dans cette région. Mais l'ensemble du séjour nous aura permis
des escalades enthousiasmantes sur du granit monolithique comme nous n'avions jamais vu. Le beau temps revenant à la fin, nous avons fait aussi une tentative de 5j sur le Farol extrême Est à
6250m par son arête Sud Est, dans un décors de haute montagne fantastique, à batailler dans du mixte entre des piliers de granit rouge déversant. A lire aussi sur cette vallée les articles de
2007 de l'incontournable blog américain "alpinestyle".
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Le voyage commence par 2 jour de route le long de l'indus par la célèbre Karakorum High Way. Une grande dépression automnale sévit déjà sur les lieux. Du coup il n'y a aucun vol pour Skardu depuis une semaine et tout le massif est blanc à 3500m: ça promet! |
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Au village de Hushe tout le monde rentre du bois pour l'hiver et tente d'abriter les fenaisons de la pluie. Le Masherbrum se laisse admirer au fond de la vallée. |
Le glacier de Charakusa est située dans la vallée de Hushe qui attire chaque année les grimpeurs du monde entier grâce à une concentration de tours granitiques facile d'accès. Ici le rocher est toujours bon, voir excellent par endroit, comme dans la vallée de Nangma ou sur les piliers du K7. Pour le glacier de Charakusa, c'est au fond à droite. Il faut compter 3 journées pour remontée le long de son flanc en empruntant une moraine étroite qui passe au pied d'une ribambelle de tours rocheuses à faire frémir les aiguilles de Chamonix. La traversée du glacier descendant du Chogolisa oblige à quelques passages de moraines acrobatiques.
La vallée de Charakusa est ouverte aux alpinistes depuis une petite dizaine d'année. Elle a été mise sur le devant de la scène en 2003, quand Steve House révolutionne le style alpin au K7,
6940m. Sur ce sommet qui n'avait été atteint que par des japonnais en technique lourde, il gravi en 41h en solo la face sud par un itinéraire en partie nouveau. Cet exploit lui vaut la
distinction du piolet d'or en 2004. Pour tout amateur d'expédition légère, la visite dans cette vallée
s'impose presque comme un pélerinage pour rêver un peu à des ascensions rapides sur des sommets exceptionnels.
La lune se lève au dessus du pic Hassin au fond du Charakusa. Dans quelques jours elle sera pleine, puis à la prochaine nouvelle lune il sera temps de redescendre dans la vallée pour la fin du Ramadan au risque de ne pas trouver de porteurs qui font alors la fête 4 jours durant. |
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La soirée au camp rythmé par le " musical program" concocté par les porteurs qui se lâchent heureux de pouvoir encore travailler un peu en septembre, habituellement début de
la saison morte et heureux passer quelques jours ensemble en montagne pour monter notre bardas tout la haut. |
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Grand beau, le K6 qui fume un peu derrière, le rocher parfait au soleil: tout pour être heureux. |
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Dans le pilier de "No Tasty Talking" sur la Nayser Brak. Une voie évidente et irresistible qui s'est révélée pas facile du tout. |
Et voila de quoi grimper juste au dessus du camp de base! A gauche la fière aiguille de la Nayser Brak pointe vers le ciel. A droite une aiguille que nous avons nommée "Base Camp Brakk", où nous avons grimpé un nouvel itinéraire très abordable. |
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Sur le granit de la voie de l'Arc de Cercle, dont la difficulté augmente progressivement en passant d'un système de vires en 3, à de belles longueurs de 6b sur la fin.
Le K6, en fond de paysage, écroule tranquillement ses tonnes de séracs à tous moment. |
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Muriel cherche où placer le bon piton dans le haut de l'Arc de Cercle. Le soleil joue à cache cache ce jour là, mais la météo est encore à peu près anticyclonique. Ces nuages ne sont que les prémices du pire qui arrivera quelques jours plus tard sous forme de tombereaux de neige. |
La face ouest du K7 ouest présente 1500m de granit surmontée de 1000m de mixte pour un sommet à 6800m: un défi pour les générations futurs qui devraient sûrement s'y
intéresser de près. |
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Un peu d'escalade pour s'acclimater doucement à l'altitude: un bon moyen pour se faire plaisir sans avoir trop mal à la tête comme bien souvent quand on essaye de monter trop vite à
6000m. |
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Un peu exténué en fin d'après midi non loin du sommet du Base Camp Brakk. Juste à ma droite, le sommet du Kapura à 6545m et au bout à droite la Haji Brakk dont la goulotte centrale a été gravie par Steve House en solo!! |
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Suite des photos et du récit à venir, avec l'arrivée des grands méchants flocons, le temps des camps haut perchés, le temps du mixte et des paysages d'altitude en direction du Farol.
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Et voila les truck du Pakistan tous plus beau les uns que les autres. Ca change des semi-remorques aux couleurs fadasses de chez nous.![]() Tensir et Rhibert (Les 2 enfans de notre guide Raza) et leur cousin découvrent l'ordinateur que leur père à emprunter à un ami pour écrire un livre cet hiver: un futur best seller racontant la vie d'un guide du Baltistan. |