L'automne se prolonge en Sardaigne
Encore un peu de grimpe pour clore ce mois de novembre. Pendant que les trombes d'eau déferlent à Nice, Muriel, Marie, Jeannot et Pierre ont trouvé refuge en Sardaigne. Enfin "refuge", c'est un grand mot, car sur une ile exposée en plein vent aux perturbations méditerranéennes, le climat peut se déchaîner comme il en a l'habitude en automne.
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Une grotte comme refuge pour grimper tout l'hiver en Sardaigne? |
Ah, l'esprit de l'aménagement des îles de Sardaigne et de Corse: le rêve. Quand je pense que tout bon Corse se doit de détruire au passage le moindre cairn qui pourrait indiquer aux touristes le
chemin à suivre pour ne pas se perdre dans garrigue. Que croyez vous qu'il se passerait dans le cas d'un projet du style "Balcon du Mercantour" en Corse?.... La révolution de l'île toute
entière pour sûr!! Imaginez les refuges corses, où il n' y a même pas de couverture, transformés en hôtel!!!
Les falaises de calcaires, la mer bleue, le soleil, alors que toutes les Alpes sont déjà plongées dans l'hiver: c'est la Sardaigne. |
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Trop d'encrages dans les voies de Sardaigne pour Jean Gounand qui snobe le premier point de cette grande voie du cap de Masua! |
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Muriel dans les voies de calcaire rouge près de la grotte de St Giovanni. |
La nuit tombe sur le Pain de Sucre de Masua.
Finalement la mer trop démontée n'aura pas permis d'aller grimper sur ce monolithe de rocher: seule face au large, l'ambiance "Calanque" doit y être garantie. |
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36 ans après l'ouverture de l'Ecole Buissonière à Aiglun, notre Jeannot Gounand à la recherche de l'itinéraire dans les grandes voies de
l'aiguille de Masua. |
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Le golf de Gonnesa, fouetté par les vagues.
Et dire que la cote d'Azur devait ressembler à ça il y a 50 ans. Mais où l'urbanisme s'arrêtera t il?
Enfin bon, il y a de l'espoir, on commence par démonter les Macdo sur les plages à Cagnes.... |
La rebellion de l'Esteron
Voila la neige qui s'invitait presque sur le littoral ce dimanche! L'hiver sera t il plus froid que la moyenne? Voila quelques photos de la semaine dernière à Aiglun pour se réchauffer.
"Panache" : encore une voie historique où notre Bérhault photogénique tente de libérer le fameux toit dans une double page du topo V2 des Alpes Maritimes.
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Marine remonte sous le grand toit du bas de la falaise.
Il était une fois une rivière appelée Esteron qui coulait paisiblement dans l'arrière pays niçois. Fatiguée des hommes qui remontaient son cours pour exploiter les richesses de sa haute vallée, elle décida de tailler une profonde clue sous le Mt St Martin pour s'isoler de la basse vallée de l'Esteron. |
La rampe déversée.
Malheureusement les hommes détournèrent cet obstacle à leur avantage pour pratiquer le canyoning et l'escalade. Ils sautaient dans les vasques éclaboussant les berges de la rivière et lui
jetaient des blocs en purgeant les falaises. |
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Traversée descendante dans un océan de rouge.
Agacée par tant de profiteurs, la rivière décida de lâcher parfois des crues sournoises sur ses visiteurs et d'envoûter les grimpeurs par un vertige incessant. |
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Couleur d'automne sur les rives de l'Esteron.
Depuis ce jour, le temps est devenu orageux en été et les falaises d'Aiglun se sont mises à pencher terriblement dans le mauvais sens! |
Dorénavant il n'est plus possible de grimper dans les dalles tranquilles d'autrefois. Les cannelures d'Aiglun se sont transformées en trous qui sont les seuls reliefs salvateurs dans ce mur. Les vires se sont transformées en autant de toits que les voies d'escalade sont obligées de contourner.
Dorénavant il n'est pas raisonnable de partir pour descendre la clue sans avoir pris au préalable la météo.
Les Calanques pour oublier les BALCONS mercantiles du 06
En plus dans les calanques, la protection des espaces est très au goût du jour. La tendance est plutôt au déséquipement de certaines mains courantes sur les sentiers et de source sûr le parc national des Calanques n'a jamais été aussi proche.
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Couché de soleil sur l'ile du Riou, en haut de la voie du levant (qui n'a jamais aussi mal portée son nom). J'adore l'automne pour la chaude couleur de ses couchés de soleil qui ne se font pas attendre dès 17h. |
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Deuxième couché de soleil 2 jours plus tard avec le profil du fameux pilier du Devenson à droite. La perturbation arrive au loin pour la nuit, il est temps de sortir de la voie!!! |
Ces paysages ayant un peu apaisé mes nerfs surchauffés, voila de l'action.
Tout d'abord à Castelvieil où nous avons parcouru la voie du toit branlant. On a dû louper un truc car on a pas vu de toit??? Par contre les tubes, boyaux et passages secrets à l'intérieur de la paroi sont monnaie courante dans cet itinéraire. Rien que l'accès de la voie par le début de la "traversée sans retour" met dans l'ambiance, pendu en fil d'araignée au dessus de l'eau, à essayer de penduler désespérément vers la droite. Puis dans la voie, ça ne ressemble à rien que je connaisse: un rocher érodé en forme de pétales et de tubes plongeant dans la mer. On se croirait dans le grès de Jordanie. L'assurage sur friend et lunules à demeure est très plaisant et le cheminement est simplement au plus facile: le top.
Dans la traversée sans retour juste 10m au dessus de la mer. Le rocher est érodé comme jamais par le ressac des vagues. Un avant goût de la suite. |
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Mais quel tube choisir? Par dedans ou par l'extérieur? Cherchez plutôt la prochaine lunule qui vous indique facilement le chemin. |
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Muriel en haut du pilier de la dernière longueur. Une échappée judicieuse à gauche permet d'éviter le dévers sommitale. Ils étaient malins ces anciens! |
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Le lendemain après une bonne festoyade à Cassis avec les niçois en vacances par ici, nous voila de retour à la Gardiole. Chose promis, chose dûe : voila des photos de moi sur le cailloux pour ceux qui me l'ont demandé. Nous sommes allés régler une vieille affaire qui nous avait laissé un goût amer l'automne dernier: Athroscopie.
C'est une voie mi libre-mi artif, qui doit passer à la journée. Finalement malgré notre motivation pour partir tôt le matin, on a attaqué à 10h passé suite à "bouchon" dans les rappels du Devenson!
Cette fois ci nous sommes armés d'un matos plus typé artif que l'année dernière: on sait à quoi s'attendre! L'A1 ouvert en 2000 par Guigliarelli et Keller ne passe pas en libre pour sûr. 10 pitons, 2 jeux de friend, c'est bien ce qu'il fallait pour se faire plaisir. Et la voie le vaut bien. Elle est aussi majeur que ce que l'on avait pu deviner de loin l'année dernière. Ca grimpe majoritairement en libre et chaque longueur présente un passage d'artif pimenté où l'on se retrouve avec un kilo de ships dans le caleçon.
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Une longueur de 6a/A1 de plus. Le cheminement dans ces dévers est hallucinant: un coup de cul en artif, puis des cheminées shipsteuses à gogo ensuite où il faudra réussir à trouver
une position de repos pour sortir le friend qui va bien. |
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Le rocher marron qui vire au orange en fin de journée: le rêve. Grimpez le soir, seul face à la mer, une fois que les grimpeurs ont évacué les lieux, dans un itinéraire sans trace de passage autre que 2 spits de 8 au milieu, c'est le paradis. |
Escalades d'automne
Ce sont deux voies pas trop dures qui se ressemblent un peu:
- le chaud rocher rouges est toujours là, pour égayer les journées au soleil faiblard de novembre
- les passages caractéristiques de ces deux voies nous rappellent qu'elles ont été ouverte dans le milieu des années 70 à la recherche d'une fissure à pitonner ou d'une lunule salvatrice.
- le rééquipement partiel au relais et avec quelques spits dans les longueurs tente de moderniser un peu ces 2 itinéraires tout en gardant l'esprit d'aventure. Le marteau et les pitons ne sont pas nécessaires, mais un jeu de friend est indispensable: parfait pour grimper litgh, clean and happy dans langage d'Obama, une sorte de ligne de conduite de nos amis grimpeurs anglo saxons.
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La première fissure cheminée des Brigades Rouges à St jeannet. Tant que l'on reste dans la voie le rocher est sain et le logo "rocher pourri" du topo n'a pas lieu de brimer cette malheureuse voie qui n'a pourtant rien fait de mal. |
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Muriel enchaîne la longueur clef de la voie coté 5+ comme les autres. 5+ des années 70, pas de doute la dessus. |
Ce sont des voies qui ne peuvent pas laisser indifférent. Quelque soit le niveau du grimpeur qui les parcours, je ne pense pas que l'on oublie rapidement une escalade de ce style. Ce n'est pas toujours le cas de certains itinéraires dont on ne se souvient malheureusement pas toujours de la première longueur quand on arrive en haut, après avoir sans cesse couru jusqu'au spit suivant! Ne me dites pas que ça ne vous est jamais arrivé!
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Le beau mur à goutte d'eau de la troisième longueur du Déjà Vu à Aiglun: un bijou de rocher accrédité 06. |
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Muriel à la recherche de la prochaine lunule dans le Déjà Vu. Ici pas trop de plaquettes brillantes au loin. Il faudra arriver à deviner la sculpture du rocher de loin pour savoir où il sera possible de poser une lunule solide. |
La recherche d'itinéraire et la difficulté de l'escalade sont un peu plus élevées dans le Déjàvu. D'ailleurs dimanche dernier nous avons perdu la voie dans sa traversée à droite au centre et après quelques errances nous sommes sortis par les 3 dernières longueurs de l'Ecole Buissonière. Ca passe très bien comme ça en clipant entre les 2 quelques spits de "à la recherche du temps perdu".
Bonne grimpe automnale.